Les Forges contre la futaie

On a beaucoup écrit sur les conséquences forestières négatives de cette installation d'un industriel au cœur du massif, sur la puissance de ce maître de forges façonnant son environnement pour ses besoins. Nous allons à présent les étudier de plus près, sans toutefois perdre de vue la chronologie des événements : l'Etat a organisé, par le nouvel aménagement, la disponibilité de la ressource, et 10 ans plus tard, Rambourg l'a mise à son profit. On pourrait être tenté, compte tenu de ce qui s'est passé par la suite, de lui attribuer ce changement radical de gestion de la forêt.

Outre la disponibilité en bois, les motivations de Rambourg pour son installation étaient fondées sur la possibilité de tirer parti de la force hydraulique de la rivière Sologne et de la présence de minerai de fer en forêt, présence qu'il avait lui même décelée. Le suppliant a découvert différentes espèces de mines de fer, dans lesquelles il s'en est trouvé qui lui ont donné d'après ses essais un fer d'une qualité supérieure, et au moins aussi ductile que celui du Berry, de l'Angoumois et de quelques cantons de Lorraine qui sont les meilleurs du royaume.

  • la jouissance des places vides des trois triages désignés, pour une durée de 30 ans pour les convertir en tel genre de culture que bon lui semblera, à la charge de les semer et replanter en glands pendant les dix dernières années de son affectation, d'entretenir le dit semis en bon état pendant 5 ans, de le recéper le sixième et de replanter les endroits ou le dit semis aurait manqué. Pour mémoire le toponyme " Landes Blanches " suggère que cette partie de la forêt était occupée en partie par des espaces ouverts. Leur surface est estimée à 1100 arpents dans la pétition (562 ha). L'arpentage de ces vides doit être réalisé aux frais du concessionnaire et le boisement réceptionné par l'administration forestière la 40è année.
Ces éléments sont détaillés dans une requête adressée au roi le 20 novembre 1787, sur la base de laquelle l'arrêt du conseil royal du 16 février 1788 a été rendu, approuvant son installation à Tronçais.
Par cet acte Rambourg obtient :
  • la permission de construire une forge et deux hauts-fourneaux, des ateliers et logements d'ouvriers sur le ruisseau de Saint Jean de Bouys (aujourd'hui Sologne), à 400 toises environ au dessus du moulin du même nom, dans la forêt royale de Tronçais. La surface ainsi concédée est évaluée à 15 arpents et le prix de la concession de 250 livres par arpent.

  • la concession de 5112 arpents de forêt, pour mettre le suppliant en état de faire rouler les dites usines, constitués par les triages des Landes Blanches, de Montaloyer et de la Bouteille, soit toute la partie Ouest de la forêt. L'exploitation en est réglée à 40 ans, la coupe annuelle porte donc sur 127 arpents 81 perches (65 ha), à tire et aire, avec réserve de 25 baliveaux de l'âge par arpent, essence chêne autant que possible, ce qui représente plus que le minimum fixé par l'ordonnance de 1669. Les bois devront être marqués et délivrés par les officiers de la maîtrise des Eaux et Forêts de Cérilly. La redevance est fixée à 125 livres par arpent, tant plein que vide, pour les 10 premières années, 135 livres pour les 10 suivantes, puis 145 , puis selon l'estimation qui en sera faite par le service forestier pour la dernière période.
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