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Le crû Tronçais
le préserver : un devoir
Le texte en exergue d' Ernest DESJOBERT, bien que relatif à du taillis sous-futaie, représente la tendance persistante des aménagistes de Tronçais depuis Buffévent en 1832. La capitalisation forestière accumulée est parfaitement associée à la valeur des bois à grain fin et de couleur vieux rose clair toujours célébrés.
La qualité ébénisterie du chêne de Tronçais est issue du traitement sylvicole homogène qui lui a permis de se confronter avec aisance aux avatars du climat et du marché -le tranchage, le meuble, la tonnellerie du cognac et des vins- et d' assurer une rentabilité croissant avec le vieillissement du massif. Il y a toutes chances pour que cette qualité ébénisterie sans pareille trouve si on la maintient d'autres débouchés dans l'avenir. Il semble, d'après le témoignage de divers praticiens que la constance caractérisée du bois de chêne de Tronçais soit due à l'ensemble unique des circonstances locales soutenu par le savoir-faire des forestiers, le crû Tronçais, dont la résilience naturelle peut se décrire ainsi : sol acide et moyennement fertile, repos végétatif en été dû à la sécheresse ordinaire du climat bourbonnais qui limite le bois d'été; amorti face aux agressions extérieures par la tendance grégaire du chêne sessile qui se prête à la sylviculture dense, le microclimat qui y règne est piloté par les feuilles du chêne sessile dont les stomates savent réguler l'évaporation.
Cet équilibre complexe a été parfaitement mis en évidence par Nathalie BREDA et Guy LANDMANN le 24 avril 2004 à Isle et Bardais lors d'une Rencontre de Tronçais ® organisée par les Amis de la forêt. Les professionnels du bois, voisins de Tronçais, font du merrain depuis longtemps : ils disent que la moindre rupture d'homogénéité de la sylviculture, notamment lors des coupes d'éclaircies se traduit par cernes annuels plus épais et souvent plus noirs, cette couleur étant liée à l'excès d'eau ; cette observation est corroborés par le fait que dans certaines situations la coloration du bois est plus foncée dans le tiers nord du tronc. Des merrains de qualité ne peuvent pas être extraits dans ces zones . Toute perturbation dans la création de la couche annuelle de bois provoque un déséquilibre au profit du bois d'été et un défaut d'homogénéité qui est d'autant plus préjudiciable à la qualité du grain que l'accroissement est plus important. Une pousse plus rapide ne convient point au chêne sessile ; on casse l'aptitude à la vie en groupe de cette essence de semi-lumière. La recherche d'accroissements forts, 2,5 mm, au lieu des 1,7 mm actuellement constatés sur les vieux bois, en aérant résolument les plantations se traduirait donc par la perte du micro-climat caractéristique du crû Tronçais, dont l'effet tampon disparaît, et par l'agression ainsi aggravée et définitive de coupes d'éclaircie trop importantes.
Ainsi la qualité ébénisterie du chêne , caractéristique du crû et gage de son avenir financier quels que soient les aléas du marché futur, est indissolublement liée à ces subtils équilibres mis en place par 200 ans de sylviculture exemplaire. Mais elle est gravement menacée. Les gestionnaires actuels de l'ONF, aux prises avec la mise en ordre sociale de l'organisme, privilégient le très court terme financier en ruinant le patrimoine exceptionnel de Tronçais, tant en quantité qu'en qualité. La conservation forestière a élaboré ce patrimoine ; le recours à une nouvelle gestion, pilotée par le profit et appliquée sans libre arbitrage local, en détruit le souverain équilibre et s'oppose gravement à la " durabilité ", nouveau vocable qui devient vide de sens
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Les Amis de la forêt de Tronçais demandent qu'il soit mis fin à l'exploitation définitive de 55 ans des plus vieux bois de Tronçais, âgés de 170 à 225 ans. Le déploiement dramatique du manuel des sylvicultures atlantiques ôte tout son sens, aussi bien économique qu'écologique, social et culturel à cette forêt de prestige.
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