Article dans le bulletin N° 21 page 14 | ||||||||||||||||
la Clandestine | ||||||||||||||||
Rendez-vous avec la "Clandestine"
de Tronçais
par Ch. Laillier Peut-être, un beau jour de mai, rencontrerez-vous lors d'une promenade au bord d'un ruisseau de forêt... " la Clandestine ". Alors ne vous montrez pas sauvage et ignorant en la déflorant brutalement sans avoir lié connaissance avec elle ; en la connaissant vous ne la respecterez que plus. Vous vous demandez sûrement quelle nymphe, quelle muse délicieuse de nos forêts est cette " Clandestine ". Ne soyez pas déçus : c'est une rareté botanique, un fossile vivant paré de fleurs bleu roi, qui constitue un " fleuron " de plus au blason de Tronçais. La Clandestine d'Europe ou Lathraea squamaria L.(*), est une plante de la famille des Orobanchacées, et comme toutes les Orobanches elle est dépourvue de feuilles et de chlorophylle. C'est une plante parasite des racines d'arbres. Sa racine charnue se divise en plusieurs rameaux courts de 4 à 10 cm couverts d.'écailles jaunâtres très serrées. A l'extrémité de chaque rameau on voit sortir au ras du sol un petit corymbe de fleurs bleu roi ou violettes. La corolle est composée de deux lèvres dont la supérieure est entière, pointue, voûtée en casque ; l'inférieure est à trois lobes. Quatre étamines dont deux plus courtes entourent un pistil à une loge. |
||||||||||||||||
La floraison a lieu en mai ; on la trouve dans les lieux sablonneux, ombragés, assez froids et humides, le long des ruisseaux au milieu des mousses. On la trouve à Tronçais le long du ruisseau de la Goutte d'Argent, et en forêt de Civrais au long du ruisseau de St-Pardoux ; personnellement j'en ai trouvé aussi en dessous de St-Plaisir. | ||||||||||||||||
Au
sujet de cette plante et de ses propriétés médicinales,
Jaume Saint Hilaire, botaniste du début du XIX, siècle, rapporte
les observations suivantes :
" Cette plante n'est pas moins belle que propre pour aider à
la multiplication du genre humain. Si l'on détrempe de la farine de
froment blanc avec le suc de cette herbe, et qu'on en fasse des beignets frîcassés
au beurre, puis qu'on les mange, cela rend tellement la matrice propre à
concevoir, que je puis assurer d'avoir vu plusieurs femmes qui ont conçu
moyennant l'aide de Dieu et de cette seule médecine, combien qu'auparavant
elles n'eussent su concevoir, mais avaient été toujours stériles.
Et de ce fait, je peux rendre témoignage d'avoir vu à Cervera
une femme âgée de cinquante ans, laquelle conçut ayant
usé de ce remède, non pas sous espérance de concevoir
(car tant elle que ceux de sa connaissance pensaient bien qu'elle en fut hors
d'espoir pour raison de son âge), mais pour se faire revenir ses fleurs
qui étaient supprimées déjà longtemps auparavant,
pour ce qu'elle était détenue d'une longue maladie, de laquelle
ses fleurs venant à courrir. Elle en fut guérie et finalement
conçut un fils en ma présence ".
|
||||||||||||||||
haut de page | ||||||||||||||||