Les Amis de Charles - Louis PHILIPPE
Buste par Antoine Bourdelle

 Ceux de Paris où il s’installe en 1896 . C’est Maurice Barrès qui lui trouve une place convenable à l’Hôtel de Ville pour qu’il puisse trouver le temps d’écrire et surtout il est très lié avec André Gide qui accueille avec enthousiasme ses romans et lui ouvre les portes de la toute nouvelle N.R.F. pour les publier .
(A la station de métro « Tuileries » de Paris, célébrant l’année 1900, Bécassine porte sous le bras le 1° numéro de la N.R.F. avec un article de Philippe « Sur les maladies » écrit pour le Canard Sauvage) . Philippe aimait l’intense vie intellectuelle qui circulait autour de Gide et Gide appréciait outre ses romans les « brèves et charmantes interventions » de son ami . Il fut également l’ami de Claudel, Léon-Paul Fargue, Anna de Noailles, Paul Léautaud, Valéry Larbaud, le jeune Jean Giraudoux (son voisin pendant 6 ans à Cérilly), Léon Werth les peintres Albert Marquet et Charles Guérin auquel on doit le beau portrait en bleu du Musée d’Art Moderne et bien sûr Marguerite Audoux, née à Sancoins) qu’il rencontra par hasard grâce à un ami commun
.

Chaque été il passait son mois de vacances à Cérilly, fidèlement, y amenait ses amis, rencontrait ceux du pays et marchait de longues heures dans la forêt de Tronçais où assez souvent l’emmenait son voisin, le docteur Demahis lors de ses tournées . Puis brutalement en  décembre 1909 après une brève et violente maladie, malgré les soins du docteur Elie Faure, il y fut enterré . Le sculpteur Bourdelle offrit le beau buste qui figure sur sa tombe ( la réplique est au musée) au vieux cimetière de Cérilly et plusieurs écrivains (dont Marguerite Audoux) dans leurs mémoires firent le récit de ces sombres journées . C’est dans le Journal de Gide que l’on lit qu’après un voyage de 12 heures pour atteindre Cérilly « Nous voici sur la place du village  Nous circulons dans un livre de Philippe . » Puis plus loin lors de son discours : « j’hésite à m’avancer devant la tombe pour dire qu’il n’appartient qu’à Cérilly de parler aussi humblement de  Philippe ; que, vu de Paris il nous apparaît très grand » .

Voilà une brève évocation de cet enfant de Cérilly dont l’œuvre littéraire naquit avec le XX° siècle . «  Je suis le premier d’une race de pauvre à être entré dans les lettres » affirmait-il dans une de ses correspondances et ailleurs on trouve chez Valéry Larbaud,(ami de Vichy) extrait de « Ce vice impuni la lecture » ; Ch. L. Philippe cherche à percer l’origine de son sentiment de « solitude », le fait de ne se découvrir de parenté avec personne « j’ai une impression de classe . Les écrivains qui m’ont précédé sont tous de la classe bourgeoise. Je ne m’intéresse pas aux mêmes choses qu’eux …J’ai bien davantage à penser au travailleur et au pain quotidien. » . Puis il reprend : « Vous séparez les gens par nationalités, tandis que je sens la séparation par classe » .

Deux études intéressantes complètent cet aperçu : Histoire de la littérature prolétarienne en langue française de M. Ragon (L de Poche n° 30454)
Le regard pénétrant du coeur 

de S. Raynaud . (épuisé mais disponible en bibliothèque) .